Night song

Je suis une rumeur de ville
Et sur l’asphalte des rues chaudes,
Lorsque la journée se défile,
Je vais, je viens, enfin ! Je rôde.


Je suis un esprit indécent
Et je dilate les pupilles
Comme un alcool incandescent
Entre les mains de jolies filles.


Je suis l’atmosphère des troquets
Malsaine ou pure selon vos vœux ;
On n’est jamais sûr de gagner
Mais n’ayez crainte et faites vos jeux !


Je suis un instant qui s’attarde
Entre les regards qui se croisent
Car les silences dont ils se fardent
Ont la puissance de longues phrases.

 

J’aime croiser les yeux contrits
Dans les night-clubs après minuit,
Un rien imbibés de whisky,
Insatisfaits peut-être aussi.


Je prends un plaisir presque saint
À regarder les travestis
Se déhancher dans du satin
Avant de regagner leur lit.


J’aime les points de suspension
Qui ponctuent tant de lèvres closes
Car leurs secrètes intentions
Se dissimulent dans ma prose.


Je dois forcer les yeux cernés
À faire au moins de tendres rêves,
Je suis forcée de m’en aller
Quand j’entends le jour qui se lève.