Le Pont des Arts

Odeurs de marrons chauds ou odeurs de haschich,
Touristes et badauds, des pauvres et des riches,
Vendeurs de faux tableaux et d’anciennes affiches
Et puis là-bas sur l’eau, les fameuses péniches !


D’un air indifférent et transi par le froid,
Un homme semble pourtant à l’affût d’une proie,
À l’affût d’un amant peut-être, pourquoi pas ?
L’amour est insolent, l’amour n’a pas de loi !


Une voix en anglais retraverse l’histoire,
Déversant sur les quais, défaites et victoires :
Un mot sur les palais et leurs collections rares,
Un mot sur les laquais qui lorgnaient le pouvoir.


Et pour admirer « l’île », pittoresque à souhait,
Le beau monde défile heureux et satisfait ;
Le beau monde a du style, il se donne en spectacle
Et jette un œil hostile à la cour des miracles


Qui se terre et complote sous les ponts parisiens :
Ces clochards qui sirotent de la bière et du vin
S’esclaffent et parfois rotent, apostrophant en vain
Le passant qui sifflote en ayant l’air de rien.